Un sanctuaire dédié à la lenteur, à la beauté et à la médecine du féminin cyclique

Comment l’Inquisition a fait disparaître une partie de la médecine des plantes

11/24/20255 min read

L’Inquisition était une institution judiciaire mise en place par l’Église catholique au XIIIe siècle afin de traquer et de juger les personnes considérées comme hérétiques, c’est-à-dire celles dont les croyances ou les pratiques s’écartaient du dogme officiel.

Fonctionnement et buts

L’Inquisition se présentait comme un tribunal spécial qui disposait du pouvoir d’enquêter, de juger, d’excommunier, de pratiquer la torture et parfois d’exécuter les accusés, le plus souvent par le feu. Les inquisiteurs étaient généralement des religieux, principalement dominicains ou franciscains, nommés directement par le pape et indépendants des juridictions locales. Le but principal était de défendre l’orthodoxie catholique en sanctionnant toute forme de dérive religieuse ou de sorcellerie.

L'Inquisition n’a pas seulement marqué l’Europe par ses poursuites contre les hérétiques et les dissidents religieux : elle a également joué un rôle dans la disparition de nombreux savoirs, parmi lesquels certains enseignements et manuscrits sur les plantes et la botanique.

L’Inquisition et la censure du savoir

Au Moyen Âge et à la Renaissance, la connaissance des plantes recouvrait non seulement des usages médicinaux, mais aussi magiques, populaires et religieux. Or, l’Inquisition, soucieuse de défendre l’orthodoxie catholique, traquait tout ce qui pouvait s’apparenter à la sorcellerie ou à des croyances païennes. Cette chasse aux sorcier.e.s et aux « superstitions » a occasionné la censure, la destruction et parfois le brûlage de manuscrits jugés dangereux.​

On estime que des dizaines de milliers de femmes ont été tuées, souvent brûlées vives. Officiellement, on les accusait de sorcellerie. En réalité, on brûlait leur autonomie, leur pouvoir, leur savoir.

Ces femmes étaient les herboristes, les guérisseuses, les sages-femmes. Elles détenaient des connaissances qui échappaient au contrôle de l'Église et des institutions naissantes de la médecine masculine. Elles étaient écoutées, respectées, consultées. Elles représentaient un pouvoir féminin que le patriarcat ne pouvait tolérer.

Des bibliothèques vivantes

Avant que la médecine ne devienne une science masculine institutionnalisée, le savoir des plantes appartenait aux femmes. Elles n'écrivaient pas de traités, elles transmettaient par le geste, par l'observation, par l'expérience répétée.

Ces femmes connaissaient des centaines de plantes et leurs usages. Elles savaient quelle plante utiliser pour les douleurs menstruelles, quelle fleur infuser pour faciliter l'accouchement, quelle racine appliquer pour guérir une plaie. Elles connaissaient les plantes abortives pour les femmes, les plantes contraceptives pour espacer les naissances, les plantes qui ouvrent l'intuition et celles qui apaisent l'âme.

Leur savoir était complet, holistique. Elles ne séparaient pas le corps de l'esprit, le physique de l'énergétique. Une plante n'était pas qu'une molécule active, c'était une alliée, un être avec sa propre intelligence, sa propre vibration.

Ce savoir était souvent transmis oralement ou par de petits ouvrages locaux. L’Inquisition, en s’attaquant à la sorcellerie, a ainsi avorté la transmission écrite de ces connaissances.

Avec chaque femme brûlée, c'était des siècles de savoir qui partaient en fumée. Imaginez une bibliothèque entière qui brûle, mais cette bibliothèque n'existe nulle part ailleurs que dans la mémoire de celle qui meurt. Les plantes abortives, les remèdes pour les maux féminins, les préparations pour faciliter les accouchements, les rituels de passage, tout cela était inscrit dans leur chair et leur expérience.

Une partie immense de ce savoir est perdue à jamais. Nous ne connaîtrons jamais toutes les préparations complexes, tous les dosages subtils, toutes les associations de plantes que ces femmes maîtrisaient. Nous ne saurons jamais toutes les utilisations vibratoires et énergétiques qu'elles faisaient des plantes, cette dimension qui dépassait le simple usage physique.

Ce qui reste, ce sont des traces. Des usages traditionnels qui se perpétuent sans qu'on en comprenne toujours l'origine. Des intuitions qui remontent quand on se reconnecte aux plantes.

Le pouvoir oublié : plus que des remèdes

Ce que nous avons le plus perdu, ce n'est peut-être pas tant les recettes que la compréhension profonde de ce qu'est vraiment une plante.

Pour ces femmes, les plantes n'étaient pas des objets à exploiter mais des êtres avec lesquels entrer en relation. Elles savaient parler aux plantes, les écouter, comprendre leurs messages. Elles savaient que chaque plante porte une vibration particulière, une intelligence propre, un enseignement à transmettre.

Elles connaissaient le pouvoir énergétique des plantes, leur capacité à agir sur les émotions, sur l'âme, sur les mémoires du corps. Elles utilisaient les plantes pour accompagner les passages de vie, pour marquer les rites féminins, pour honorer les cycles et les saisons.

Elles savaient que certaines plantes ouvrent des portes intérieures, que d'autres ancrent et protègent, que d'autres encore libèrent ce qui est enkysté dans le corps émotionnel. Ce savoir-là, cette compréhension vibratoire et subtile, s'est perdu presque complètement dans les flammes.

Quand les plantes se souviennent

Mais voici quelque chose de merveilleux : les plantes, elles, n'ont rien oublié. Leur sagesse est intacte. Leurs propriétés vibratoires sont toujours là, attendant d'être redécouvertes.

L'armoise se souvient de son lien avec les cycles féminins et les visions. La rose se souvient de son pouvoir d'ouvrir le cœur. La sauge se souvient de sa capacité à purifier et à clarifier. L'achillée se souvient de sa protection du féminin.

Quand nous nous reconnectons aux plantes, quelque chose en nous se souvient aussi. C'est comme si notre corps portait la mémoire de ce savoir ancestral. Nos cellules reconnaissent la vibration d'une huile essentielle, notre nez sait identifier ce dont nous avons besoin, nos mains retrouvent les gestes de cueillette et de préparation.

Reconstituer les registres perdus

Aujourd'hui, nous sommes en train de reconstruire ces bibliothèques brûlées. Chaque femme qui se reconnecte aux plantes ajoute une page au registre. Chaque herboriste qui transmet son savoir ravive la flamme de la connaissance. Chaque guérisseuse qui travaille avec les huiles essentielles et leur dimension vibratoire réactive un fil de sagesse.

Nous ne retrouverons jamais exactement ce qui a été perdu. Mais nous pouvons créer quelque chose de nouveau, nourri par les fragments qui ont survécu et par notre propre expérience. Nous pouvons réapprendre à écouter les plantes, à comprendre leur langage, à honorer leur pouvoir.

Nous pouvons nous rappeler que les plantes ne sont pas juste des ingrédients actifs à extraire, mais des alliées vivantes avec lesquelles co-créer. Que leur pouvoir ne se limite pas au physique mais s'étend au psychique, à l'émotionnel, au spirituel.

Chaque fois que vous préparez une tisane en conscience, vous reconstituez un peu du registre perdu. Chaque fois que vous sentez une huile essentielle et laissez sa vibration vous parler, vous réactivez la connexion. Chaque fois que vous cueillez une plante en la remerciant, vous honorez la mémoire de celles qui ont été brûlées pour avoir fait exactement cela.

Le pouvoir des plantes n'a jamais vraiment été oublié. Il sommeillait, attendant que nous soyons prêtes à nous en souvenir. Il était là, dans la terre, dans les racines, dans les graines qui traversent les siècles.

Les bibliothèques brûlées peuvent renaître. Elles renaissent en vous, dans vos mains qui cultivent, dans votre nez qui respire, dans votre cœur qui s'ouvre. Vous êtes les nouvelles gardiennes du registre vivant.

Chaque femme qui se reconnecte aux plantes écrit une nouvelle page du registre ancestral.

Ainsi soient-elles.